
Les origines du Théâtre de Guignol
Laurent Mourguet est né à Lyon le 03/03/ 1769 dans le quartier Saint Nizier et est baptisé à l’église de sa paroisse le même jour.
D’une famille de canuts, il grandit dans l’atelier familial où il apprend le métier qu’il exercera à jusqu’à l’âge de 26ans. Ce sera sa seule qualification.
En 1788, il épouse Jeanne Esterelle avec laquelle il aura 10 enfants (de 1790 à 1809) Il résident rue Saint George où l’atelier familial se situe alors.
1789, c’est la révolution. Laurent Mourguet à 20 ans et la disette sévit dans les rues de Lyon. L’atelier familial connait des difficultés car les commandes se font plus rares.
En 1795 il déménage au 2 place Boucherie Saint Paul où nait son 3ème enfant. C’est là qu’il décide à l’âge de 26 ans de devenir marchand forain.
Laurent Mourguet a visiblement le sens du commerce. Il adapte ses ventes aux besoins des consommateurs jusqu’en 1797 où il devient “dentiste”. Il soigne, il plombe il arrache vos dents les plus douloureuses.

En 1798 et dans le but d’attirer la foule vers son cabinet dentaire ambulant, Laurent Mourguet utilise un spectacle de marionnettes dont le héros principal est Polichinelle. C’est pour lui une révélation, il devient rapidement marionnettiste à plein temps.
Rencontre avec le Père Thomas et naissance de Gnafron
En 1804 Laurent Mourguet à 35ans. Il installe son castelet (petit théâtre démontable) dans les jardins du Petit Tivoli (quartier des brotteaux, angle du cours Franklin-Roosevelt et de l’avenue de Saxe) et s’associe avec le Père Thomas, violoniste et chanteur itinérant qu’il a rencontré 5 ans plus tôt sur les foires.
Le rôle du Père Thomas est bien entendu d’attirer les spectateurs grâce à sa musique, mais également de dialoguer avec les marionnettes de Laurent Mourguet. Les échanges entre les personnages sont vifs, le vocabulaire se veut populaire et les histoires contées tiennent de la Farce. Le succès est immédiat mais mais nos 2 compères s’embrouillent et leur 1ère association ne dure qu’une saison.

Fin 1804 et certainement dans le but de sauver son spectacle, Laurent Mourguet remplace le Père Thomas par une marionnette qui lui ressemble en tout point, c’est la naissance de Gnafron.
Saison 1805, Laurent Mourguet déménage son castelet dans le Jardin Chinois et Le Père Thomas continue à jouer sa musique de l’autre côté de la rue, dans les Jardins du Petit Tivoli.
Hiver 1805, suite au succès grandissant de ses marionnettes, Laurent Mourguet décide de construire un théâtre permanent au rez-de-chaussée de chaussée de son lieu d’habitation (2 place Saint Paul, quartier Saint Paul à Lyon)
On y joue des ombres chinoises (très à la mode au 19ème siècle) et Polichinelle, Gnafron et les autres marionnettes assurent la 2ème partie du spectacle.
Et devinez qui est le nouvel équipier de Laurent Mourguet? Le Père Thomas bien sûr!
Naissance du Théâtre de Guignol
Nous sommes en 1808, Laurent Mourguet à 39 ans. Avec le temps, il réalise que le public commence à se lasser de Polichinelle et qu’il doit réinventer son spectacle de marionnettes.
Laurent Mourguet souhaite désormais s’orienter vers la Comédie, vers des personnages en lesquels le public puisse se reconnaitre, vers le comique de situation, vers des intrigues légères dont le dénouement est toujours heureux… Rires et la bonne morale doivent être au programme.
C’est donc en 1808 qu’il crée la marionnette de Guignol, un véritable gone (enfant) de Lyon qui lui ressemble, un débrouillard au grand coeur.

Laurent Mourguet joue Guignol, le Père Thomas joue Gnafron et Polichinelle est définitivement mis au placard. Guignol est Gnafron deviennent les meilleurs amis du monde et sont rapidement rejoint par les marionnettes de Manon (épouse de Guignol), Toinon (épouse de Gnafron), Cadet (l’idiot du village)…
Le Théâtre de Guignol lyonnais est né.
Suite et fin de la période Laurent Mourguet
Vers 1820 Laurent Mourguet est rejoint par son fils (Etienne) puis par sa fille (Rose Pierrette) et son mari (Claude-Louis-François Josserand) avec lesquels il donne des spectacles autour de Lyon.
En 1826, notre jeune troupe ouvre le “café du caveau” place des célestins qui deviendra rapidement le premier café-théâtre permanent de Guignol.
Vers 1839, assuré de sa relève, Laurent Mourguet prend sa retraite et part s’installer à Vienne où il continue à donner des spectacles de Guignol.
Il décède à son domicile le 30 décembre 1844 et laisse derrière lui Guignol, Gnafron, Madelon, Toinon, le bailli, le gendarme et bien d’autres personnages qui continuent à faire le bonheur de nos Gones.

Hommage à Jean Guy Mourguet (1929-2012)
Guignol est orphelin. Jean-Guy Mourguet, dernier descendant de Laurent Mourguet nous a quitté le 11 octobre 2012. Plusieurs générations de marionnettistes se seront ainsi succédées jusqu’à l’extinction d’une dynastie lyonnaise à laquelle nous devons le Théâtre de Guignol Lyonnais.
Jean-Guy Mourguet avait également pris une part active dans cette aventure familiale en dirigeant le théâtre municipal de Guignol du Vieux Lyon.
Habitant de la commune de Brindas (69) Jean-Guy Mourguet aura également participé à la création du musée-théâtre de Guignol de Brindas auquel il aura légué sa collection personnelle de marionnettes.
Il aura ainsi contribué à perpétuer cette tradition si chère aux habitants de Lyon. Il nous aura également permis de retrouver en lui un peu du visage de Laurent Mourguet. Merci l’artiste!
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